dimanche 12 décembre 2010

Lettre ouverte

Arrive un moment où manifestement l'existence insiste lourdement.
Alors plus de photos, plus de musiques, plus de poèmes pour la sublimer.
Aucune épaule assez solide, aucune parole assez forte, et ce besoin pourtant d'exploser en larmes et en mots pour ne pas exploser tout court.
Il arrivera pourtant, ce moment, où tu n'existeras plus. Où toutes les pensées, les idées, les perceptions, les impressions, se dissolveront dans l'air du temps en même temps que tes cendres et les larmes des gens.
Il arrivera, ce moment, où nous n'aurons plus d'enfants, plus de père, plus de mère, plus de frères ni d'amis, parce qu'ils seront partis et que nous le serons aussi.
Et avant cela viendront les jours où l'on ne saura peut-être plus toucher, ni rire, ni parler, où les souvenirs auront l'odeur des matins chaque fois nouveaux, et où la terre et les gens dessus continueront de rire, de penser, de parler, sans faire attention à ce que nous avons été. Eux.
Et pour toutes ces raisons-là, il semblerait parfois plus évident de tout arrêter maintenant.
Je les comprends, ceux qui ont foi en Dieu. En l'alcool. En la drogue. En l'art. En l'autre.
En toutes ces choses qui aident à maintenir à distance l'inaltérable vérité.
Quand on n'a rien de tout ça, quand on prend tout de plein de fouet, comment on fait ?
On fait semblant. On dit qu'on "vit l'instant".

Comme enfer ?

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