Photo by Ptit chatJe déteste tellement quand tu hais tous ces gens.
Quand tu craches sur eux, tu craches sur moi.
Tu craches sur des vies que tu ne connais pas, parce que tu sais que la tienne est vide, et que tu avances à petits pas ...
***
Je voudrais prendre ton visage entre mes mains et l'embrasser. Te dire que ça va aller, ne plus te vouvoyer. Ne plus te faire croire que je comprends ce qui se passe, que je ne suis pas terrifiée. Je voudrais te faire rire, te faire oublier, te faire me promettre que tu ne laisseras pas tomber. Je voudrais trouver, comme tu dis, les raisons de ne pas tout laisser tomber. Arrêter de te les inventer. Je suis tellement, tellement désolée ...
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Tu n'existes pas et tu me manques.
Tu n'as pas de visage, pas de prénom, pas de genre, et puis tu les as tous à la fois.
Pourquoi es-tu venu ? Qu'est-ce que tu me veux à moi ? Qu'est-ce qui te fait croire que je saurais mieux qu'une autre m'occuper de toi, t'élever dans un monde que je ne comprends pas ?
As-tu seulement envie d'exister pour de vrai, ou cherches-tu seulement à me hanter, à habiter dans les bras des autres que je dévisage, dans une vie qui n'est pas la mienne ?
Pourquoi pleures-tu si près de moi ? ...
***
Ne me regarde pas. Ne me vois pas. Ignore jusqu'à mon existence, ne te retourne pas. Ne me parle pas. Ne me fais pas vivre en toi, ne souhaite rien à mon endroit, si tu as cru me voir, oublie-moi. Je n'existe pas, je ne suis rien pour toi. Je ne suis même pas le néant, je suis : rien.
***
Regarde-moi. Vois-moi. Imprègne-toi de mon existence, retourne-toi. Parle-moi. Fais moi vivre en toi, souhaite tout ce que tu veux à mon endroit, si tu as cru me voir, retiens-moi. J'existe, je suis tout pour toi. Je suis tout sauf le néant, je suis : toi.
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Je t'observe du coin de l'oeil, tu vis, tu respires, tu parles, tu penses ... tu penses quoi ? Pourquoi je pense à ça ? Pourquoi dois-je passer mes journées à ignorer certains de ma chair et à te regarder toi ? Je voudrais te dire tant de choses ... je voudrais que tu me vois. Que tu saches. Que tu me pardonnes. Que tu me fasses ce sourire-là que même lui, j'en suis sûre, ne connait pas. Celui qui comprend tout mais qui ne dit rien. Qui dira plus tard. Quand peut-être même je n'existerai plus.
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Parfois, quand je te regarde, je voudrais être toi.
Je voudrais être belle comme toi.
Je voudrais écouter les gens comme toi.
Je voudrais être calme comme toi.
Je voudrais savoir dessiner, et photographier, et prendre le temps comme toi tu le fais.
Je voudrais susciter ce regard que les gens te déposent en offrande, et ne pas le voir comme tu le fais.
Je voudrais vivre dans ton éther, absorber un peu de ta sombre lumière.
Un peu de toi en moi.
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Je souhaite parfois à l'inverse de toi que tu ne te vois pas avec mes yeux, parce que tu t'enfuierais, plus loin encore. Je n'aurais plus d'intérêt, je serais fade et sans issue, je ne serais pas toutes les femmes que tu pourrais toucher. J'ai peur de te perdre, alors que je ne t'ai même pas gagné.
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Tu n'aurais JAMAIS du faire ça.
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Je me demande parfois où tu es et ce que tu fais. Si tu penses à moi, ou si tu t'en fous. Si tu poses toujours sur le monde ce regard perdu et avide d'un amour que tu ne rattraperas jamais. Si le lapin blanc mène finalement quelque part. Si tu m'en veux de te l'avoir dit, de t'avoir menti. Si tu pensais ce que tu disais. Si tu es satisfait. Si les étoiles brillent sur le chemin que tu as pris, comme elles brillaient parfois pour nous aussi ...
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Pardon.
Si tu savais à quel point je ne voudrais pas être comme ça avec toi.
Je saurai toujours tout ce que tu as fait pour moi, et toujours j'en pleurerai sans que tu n'en saches rien.
Mais tant de choses que tu ne sais pas ... pas ...
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Je t'aime, tu sais.