mercredi 4 août 2010

Conte pour enfants sages



Pour Yann, et pour la fille de Yann qui a apprécié cette histoire il y a quelques années ...
Pour "Démonia", ma toute petite voisine étrangement "élevée".
Pour Ambre ou une petite pierre, un jour, peut-être ...
Pour la petite fille sur la photo, qui dort quelque part.


Il était une fois, une affreuse gamine qui ne dormait pas. Je veux dire par là qu’elle ne dormait jamais. « Ouin, ouin !!! » toute la nuit, et « Ouin, ouin !!! » toute la journée. Ses parents étaient maigres de fatigue, la voix cassée d’avoir trop cajolé, trop crié, le portefeuille vidé par tous les jouets achetés pour calmer Démonia, l’âme viciée d’avoir parfois songé à …

Une nuit comme toutes les nuits, Démonia ne dormait pas. Mais, fatiguée de crier et n’obtenant plus de réponses de ses parents-chéris-adorés, elle décida de se venger et de partir au loin se cacher. « Ils seront bien inquiétés et bien malheureux de ne plus me trouver, et me couvriront de cadeaux et de baisers quand je réapparaîtrai ! ». Par chance Démonia vivait dans une belle propriété, possédant un grand parc fort bien aménagé de plantes et de fourrés, où elle dormirait à l’aise en attendant la criée. Enjambant sa fenêtre, elle n’eut aucun mal à poser silencieusement son petit pied gras sur l’herbe fraîchement coupée.

La nuit était tiède, parfaite pour s’y lover, Démonia marcha à pas de fée, son cochon-doudou en strangulation sous son bras potelé. Elle trouva vite sa cachette derrière les rangs de fraisiers, qu’elle passa une partie de la nuit à dépouiller de leurs fruits. C’est donc bien pleine, et le visage poisseux, qu’elle s’éveilla, ne tardant pas entendre les cris tant attendus … « Ah ah ! J’étais sûre que cela se passerait comme ça ! » jubila Démonia, qui ne s’étonna pourtant pas d’entendre des « Hourras !!! ».

Vite, vite, sur ses jambes engraissées, elle s’empressa de rejoindre la fenêtre de sa chambrée, pour y écouter les lamentations enlarmoyées. « Hourra ! Criaient pourtant les parents, hourra au saint qui a enlevé Démonia, nous le fêterons 30 fois par mois !!! ». Ces mots à peine prononcés, jouets, draps, meubles et tout le fatras passèrent au-dessus de la tête de la pauvre Démonia, qui n’eut d’autre choix que de retourner au fraisier, en espérant tout bas que l’hiver prochain ne serait pas trop froid.

Moralité : Dors, espèce de sale petite crapoussine, si tu ne veux pas que tard cette nuit je t’assassine …

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