jeudi 7 octobre 2010

01:13

J'habite un manoir. Médiéval d'est en ouest (alors, c'est un château), gothique du nord au sud. Dehors, c'est un parc. Bordé par une forêt. Au coeur de la forêt : un beau cimetière ancien, bien moussu, gorgé de dates et de noms ésotériques, où se mêlent le lichen, la cire fondue, et les pages d'un livre arrachées. Il y a même un plaid épais, pour pouvoir pique-niquer ou s'assoupir mollement dans les bras d'un amant ... dans la forêt, il y a des fées. Des baies. Des cabanes dans les arbres pour que les enfants puissent jouer, et dans les cabanes, il y a de tout : des livres, des lanternes, des couvertures, des lucioles. Et dans le parc, il y a une fontaine, une fontaine tellement immense qu'on dirait un lac, et un lac tellement plat, tellement calme, qu'on dirait un miroir. Le miroir de la lune. Il y a des saules qui viennent s'y épancher, et l'on y pêche tout ce que l'on a envie de trouver. Des juments alezanes s'arrêtent pour y boire, et même qu'il y aurait des balançoires ... et des tables, et des chaises, petites, grandes, tordues, vieilles, biscornues, mais douillettes. Et des pommiers. Et des cerises. Et des gens bien habillés pour les manger. Et moi je regarderai tout cela de là-haut, à travers le vitrail de mon église privée, nimbée de mes vapeurs d'encens pontificaux. Je serais tantôt grande dame habillée comme à la cour d'Edward, tantôt elfe gracieuse, tantôt petite mioche perdue dans un jeans d'homme et une chemise à carreaux, prête à en découdre avec le premier venu. Je serais écri-vaine, je serais oisive, je serais botaniste, je serais bonne fée pour les petits, sorcière pour les grands, perdus dans mon labyrinthe aux violencelles.
J'aurais un miroir de poche et une montre à gousset.
01:23.

Aucun commentaire: