mercredi 5 octobre 2011

Heureux qui comme Ulysse

Nous voici réfugiés dans les confins de l'automne, attendant sagement les cadeaux du monde. Comment la vie peut-elle couler lentement, au rythme des saisons ? Comment réaliser qu'elle devient simple, qu'Amphytrion et les songes d'une nuit d'été ne sont que des fables destinées à inculquer la peur aux personnes âgées ? Iago se cache, Scapin danse au loin, et nous voilà seuls au monde, allégorie d'un désir dans le théâtre d'une plage, d'une forêt, d'une route sans fin, d'un lit tiède parfumé à la nuit, d'un repas aux bougies ... Cela ne durera sans doute pas. La fin est si effrayante que j'aimerais moi, l'écrire, la jouer, l'imposer, et je déchire tout comme un auteur mécontent de sa pièce à succès. Je parade, je m'effondre, je joue l'étoile blessée, incomprise, je mime si bien la bêtise que mon public applaudit. Seul, dans la foule, mon prince noir ironise, drapé d'une cape de moire il sait que je le maudis ... c'est de l'âme la nuit. Le jour, nous volons, nous marchons, nous parlons, nous faisons mille choses pour que mille choses encore surviennent. Je voudrais à présent abriter entier l'univers dans mon ventre, comme une pouponnière d'étoiles prêtes à éclater. La vie semble si souvent étroite à qui rêve la journée, que l'on voudrait la nuit connaître les temples et les cités, les cimetières et les plaines, retourner à ces cascades et à ces mondes enchantés, peut-être qu'en les contant, ils deviendraient plus vrais ...

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