Hystérie.
De l'utérus qu'elle désignait, l'hystérie est devenue une pathologie pathologique. Tableau clinique - sans parler de celui de la Salpêtrière - symptômes, pas tellement d'inhibition, mais pas mal d'angoisses.
Puis l'hystérie s'est faite femme : "quelle hystéro celle-là". Vulgaire. Cagole. Criante. Criarde ... la psychiatrie l'a remodelée comme une vieille actrice de soap sur le retour, elle a même tentée de la rebaptiser, d'en refaire sa chose, avant de finir par la larguer comme la pute d'autoroute qu'elle était devenue, rayée de la Sainte Bible (appelé aussi DSM-bientôt-V).
Qu'elle soit sainte, putain (décidément), psychotique, psychopathe, psychophage, obsessionnelle, obsessionnelle-compulsive, maniaco-dépressive ou bipolaire (la différence entre les deux ? La première est suivie, la seconde consulte, nuance), la Fâââmme est surtout une infâme hystérique.
We love bad boys.
Elle se farde, se poudre, se tartine, se monocouche, se push-up, se steppe, se lifte, se suce (pour qu'on la laisse sucer ?) sous l'égide d'un seul et unique maledetum: "Dieu ma fille que tu es IMPARFAITE" (voilà pour la suggestibilité, elle est représentée en diable, si je puis dire !). Et quel bonheur que cette imperfection, cette insatisfaction chérie qui va nous permettre ce que JAMAIS le bonheur total et complet ne nous apportera : la QUETE de la perfection.
Qui a dit : ce qui compte, ce n'est pas le Saint Graal qui fera s'écrouler Camelot comme un tas de bouse, mais le chemin pour y parvenir ?
Et de la camelote, Lui sait qu'on en accumule.
De notre bonne hystérie de charcoterie, qu'avons-nous gardé, quelle empreinte, transgénérationnelle et souvent même transgenre, est venue tatouer nos gênes, notre épiderme, et même nos cheveux ?
L'art de la mise en scène, dans une pièce qui s'intitulerait : "échec et mate(-moi)".
L'échec comme leitmotiv sacré. Fanny Stevenson, Sarah Bernhardt, la Bovary, suffisamment rares, suffisamment folles de ne pas l'être, qu'elles ont du passer à la postérité. Pis ! On en a fait des mecs-à-jupes. "Celle-là, elle en a".
Et nous, on en cherche.
We love bad boys.
Il faut celui qui nous fera courir, tirer la langue pour lui tirer la queue, celui pour qui notre visage, nos courbes, nos mots, évoqueront une formule, une chimère de toutes celles qu'il aura déjà connues. Mi-pute mi-soumise.
Jacadi "Le rapport sexuel n'existe pas". Encore heureux. Que ne nous ferions-nous pas royalement chier dans ce château du mythique royaume de Logres, la bouche pleine de mots désormais morts, parce qu'inutiles.
L'hystérique est la gardienne de l'humanité. L'assurance que l'homme ne s'arrêtera pas de courir, ne s'arrêtera pas d'interroger, ne s'arrêtera pas de se battre, dans une éthique des plus sublimes, la gnosophanie, pouvoir s'esclamer en riant bien fort au crépuscule de sa vie : "et tout ça pour Rien !".
Qu'est-ce que l'hystérie, le nouveau féminin ? Ni plus ni moins que le scénario, le "script" de la pièce de Shakespeare avec un pauvre acteur qui se pavane, etc.
Quid de la conversion ?
Nous sommes cernés.
Jamais notre corps ne nous avait autant parlé ... ou jamais peut-être l'avions-nous à ce point écouté. Conversion ou psychosomatique ? Au fond, quelle importance ?
Se faire de la bile.
Du mauvais sang.
Avoir les reins solides.
Un coeur de pierre.
Une boule à l'estomac.
En avoir plein le dos (restons polis).
Se ronger le foie.
Se bouffer, littéralement se bouffer ...
Words are maybe unnecessary, but they surely do harms.
Et puis après ? ...
2 commentaires:
Ton écriture me fait penser à celle d'Amélie Nothomb, et c'est un compliment.
Un peu sur le tard, je découvre ton commentaire ... et puisque c'est un compliment, je t'en remercie ! Je connais assez peu Amélie Nothomb, des bribes de son univers me parviennent et ne me déplaisent pas ...
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