lundi 30 août 2010

Un peu de vie dans ma vie


Photo by Ptit chat

J'ai connu celui qui disait que la vie n'était qu'un songe que l'on ne faisait jamais, ou qui passait en un instant qu'il fallait savoir saisir.
Quelle angoisse, on guettait, terrifiés de ne pas vivre ...

La vie où est-elle ?
Elle est hier.
Elle est maintenant.
Et l'on croit souvent qu'elle est demain.

Demain je gravirai le Mont et je me coucherai sur la lune.
Demain je fumerai, je boierai, je baiserai jusqu'à m'en assommer.
Demain tu liras ceci, puis tu regarderas par la fenêtre pour espérer y voir autre chose que la même chose qu'hier. Tu y croieras. Tu te filmeras.

Demain comme hier tu me diras que tu n'as pensé qu'à toi, un peu, pour une fois.

Comme à chaque fois.

Tu regarderas derrière et tu croieras être arrivé.
Mais tu ne seras "nulle part".

Tu t'enfuieras, et tu appelleras ça "voyage".

Un peu de vie dans ma vie qui a bien failli mourir, souvent.

Aujourd'hui, Marie, tu m'as dit : "tous les jours, je crois mourir un peu ... voilà, c'est tout". Et j'aurais pu mettre tant de temps à comprendre ce que tu voulais dire par là, si je ne l'avais pas lui, qui a elle ...

Je vais remplir ma baignoire d'eau et de silence, et je vais m'y plonger, et quand je fermerai les yeux, elle retentira de ces rires et de ces regards qui m'habiteront jusqu'à ce que je n'ouvre plus jamais rien.

En attendant ...

mercredi 25 août 2010

Extension du domaine de mon affection

Un regard autre posé sur quelque chose de moi ...
Un regard simple, sans jugement, sans violence, sans a priori, un regard d'amour qui ne sclérose pas l'envie de s'ouvrir et de refermer derrière soi.

Envie de vie. De vin, d'encens, de coton, de bougies, de cocon ... partagé.
















Photo by Petit chat ^^

jeudi 19 août 2010

La fuite et le refuge

Laisser son corps dodeliner, somnoler bien calé entre le bruissement des gens.
Regarder mollement défiler la bobine du paysage.
Sur ce banc, j'ai attendu, desespéré, pleuré, j'ai regardé monter la lune, derrière le fort, en attendant le train. Celui d'après les cours. Celui du retour. Celui de la fuite ou du départ. Celui des moqueries, des dangers, de ton regard perdu sur le quai.
Sur cette plage, j'ai appris à nager, avec vous à mes côtés. J'ai grimpé sur ton dos, et j'ai plongé un million de fois dans les abysses. L'été dernier, nous y avions trouvé un bulot, et aucun quolifichet de vitrine n'avait alors d'intérêt.
Dans cette gare, je me suis enfuie de toi, et j'ai tenté de te retrouver. Je l'ai traversée tant de fois le coeur léger comme une bulle, mon sac plein de "bêtises" que nous allions partager. J'ai goûté tes larmes cachées aux yeux des gens, au regard du petit banquier idiot qui feignait de t'ignorer ... Toi !
Sur ce quai, gravé dans ma pupille, ta main vers la sienne, parce que tu l'attendais ...
Sur ces sièges, des restes de rires, de gâteaux, de Martin et Dave, de Tom Jones à 6h53et de fondations énormes qui perdurent encore aujourd'hui.
L'immeuble qui s'éloigne, le soleil qui se lève, la lumière à la sortie, l'Italie dentelée ...
Te perdre. Te retrouver. Me quitter.
La fuite et le refuge ...

Une dernière fois.

lundi 16 août 2010

Heroïne



Entends-tu l'orage gronder à travers les ciels
A chaque souffle une autre partie de moi se meurt
Ce soir nous allons échapper à l'oeil du cyclone
On se réchauffe l'un l'autre

Je n'essaie pas de me purifier d'un quelconque pêché
J'aurais volontiers tué pour toi mon héroïne
On cherche toujours à fuir l'oeil du cyclone
Et à se réchauffer l'un l'autre

Car la nuit est mon amant
Et ce soir mieux vaut courir pour s'en protéger

Ce qui nous menace est assez clair
Ce qui annonce un désastre pour toi et moi
On se rapproche de l'oeil du cyclone
Et on se réchauffe l'un l'autre ...

Car la nuit est mon amant
Et ce soir mieux vaut courir pour s'en protéger ...

Heroïne - De/Vision

samedi 14 août 2010

jeudi 12 août 2010

Sous un arbre ...



Sous un arbre, près d'un banc, je regarde passer le temps.
Les branches saupoudrent sur mon visage et mon corps des miettes de soleil, et m'habillent de paillettes, de sequins, et de moire.
Sous le joug de l'éclat ta couleur se déploie au centre de ton regard comme une écorce d'arbre, crevassée par les orages mais toujours vivante, veinée d'une sève claire qui va pour se répandre au fond d'un puit noir qu'invoque ta pupille.
Le fourmillement des feuilles raconte des histoires que seuls comprennent les vieux et les enfants. Je voudrais que l'un d'eux s'asseye près de moi et me répète tout.
Je me lèverai bientôt peut-être, pour trancher dans la chair craquelée la marque d'un quelconque amour perdu ou retrouvé ... Un croissant de lune tremblant entrelacé d'une chimère, comme pour faire la guerre au temps.
Sous un arbre, près d'un banc.

lundi 9 août 2010

Memento


Photo by Ptit chat

Je déteste tellement quand tu hais tous ces gens.
Quand tu craches sur eux, tu craches sur moi.
Tu craches sur des vies que tu ne connais pas, parce que tu sais que la tienne est vide, et que tu avances à petits pas ...

***

Je voudrais prendre ton visage entre mes mains et l'embrasser. Te dire que ça va aller, ne plus te vouvoyer. Ne plus te faire croire que je comprends ce qui se passe, que je ne suis pas terrifiée. Je voudrais te faire rire, te faire oublier, te faire me promettre que tu ne laisseras pas tomber. Je voudrais trouver, comme tu dis, les raisons de ne pas tout laisser tomber. Arrêter de te les inventer. Je suis tellement, tellement désolée ...

***

Tu n'existes pas et tu me manques.
Tu n'as pas de visage, pas de prénom, pas de genre, et puis tu les as tous à la fois.
Pourquoi es-tu venu ? Qu'est-ce que tu me veux à moi ? Qu'est-ce qui te fait croire que je saurais mieux qu'une autre m'occuper de toi, t'élever dans un monde que je ne comprends pas ?
As-tu seulement envie d'exister pour de vrai, ou cherches-tu seulement à me hanter, à habiter dans les bras des autres que je dévisage, dans une vie qui n'est pas la mienne ?
Pourquoi pleures-tu si près de moi ? ...

***

Ne me regarde pas. Ne me vois pas. Ignore jusqu'à mon existence, ne te retourne pas. Ne me parle pas. Ne me fais pas vivre en toi, ne souhaite rien à mon endroit, si tu as cru me voir, oublie-moi. Je n'existe pas, je ne suis rien pour toi. Je ne suis même pas le néant, je suis : rien.

***

Regarde-moi. Vois-moi. Imprègne-toi de mon existence, retourne-toi. Parle-moi. Fais moi vivre en toi, souhaite tout ce que tu veux à mon endroit, si tu as cru me voir, retiens-moi. J'existe, je suis tout pour toi. Je suis tout sauf le néant, je suis : toi.

***

Je t'observe du coin de l'oeil, tu vis, tu respires, tu parles, tu penses ... tu penses quoi ? Pourquoi je pense à ça ? Pourquoi dois-je passer mes journées à ignorer certains de ma chair et à te regarder toi ? Je voudrais te dire tant de choses ... je voudrais que tu me vois. Que tu saches. Que tu me pardonnes. Que tu me fasses ce sourire-là que même lui, j'en suis sûre, ne connait pas. Celui qui comprend tout mais qui ne dit rien. Qui dira plus tard. Quand peut-être même je n'existerai plus.

***

Parfois, quand je te regarde, je voudrais être toi.
Je voudrais être belle comme toi.
Je voudrais écouter les gens comme toi.
Je voudrais être calme comme toi.
Je voudrais savoir dessiner, et photographier, et prendre le temps comme toi tu le fais.
Je voudrais susciter ce regard que les gens te déposent en offrande, et ne pas le voir comme tu le fais.
Je voudrais vivre dans ton éther, absorber un peu de ta sombre lumière.
Un peu de toi en moi.

***

Je souhaite parfois à l'inverse de toi que tu ne te vois pas avec mes yeux, parce que tu t'enfuierais, plus loin encore. Je n'aurais plus d'intérêt, je serais fade et sans issue, je ne serais pas toutes les femmes que tu pourrais toucher. J'ai peur de te perdre, alors que je ne t'ai même pas gagné.

***

Tu n'aurais JAMAIS du faire ça.

***

Je me demande parfois où tu es et ce que tu fais. Si tu penses à moi, ou si tu t'en fous. Si tu poses toujours sur le monde ce regard perdu et avide d'un amour que tu ne rattraperas jamais. Si le lapin blanc mène finalement quelque part. Si tu m'en veux de te l'avoir dit, de t'avoir menti. Si tu pensais ce que tu disais. Si tu es satisfait. Si les étoiles brillent sur le chemin que tu as pris, comme elles brillaient parfois pour nous aussi ...

***

Pardon.
Si tu savais à quel point je ne voudrais pas être comme ça avec toi.
Je saurai toujours tout ce que tu as fait pour moi, et toujours j'en pleurerai sans que tu n'en saches rien.
Mais tant de choses que tu ne sais pas ... pas ...

***

Je t'aime, tu sais.

mercredi 4 août 2010

Conte pour enfants sages



Pour Yann, et pour la fille de Yann qui a apprécié cette histoire il y a quelques années ...
Pour "Démonia", ma toute petite voisine étrangement "élevée".
Pour Ambre ou une petite pierre, un jour, peut-être ...
Pour la petite fille sur la photo, qui dort quelque part.


Il était une fois, une affreuse gamine qui ne dormait pas. Je veux dire par là qu’elle ne dormait jamais. « Ouin, ouin !!! » toute la nuit, et « Ouin, ouin !!! » toute la journée. Ses parents étaient maigres de fatigue, la voix cassée d’avoir trop cajolé, trop crié, le portefeuille vidé par tous les jouets achetés pour calmer Démonia, l’âme viciée d’avoir parfois songé à …

Une nuit comme toutes les nuits, Démonia ne dormait pas. Mais, fatiguée de crier et n’obtenant plus de réponses de ses parents-chéris-adorés, elle décida de se venger et de partir au loin se cacher. « Ils seront bien inquiétés et bien malheureux de ne plus me trouver, et me couvriront de cadeaux et de baisers quand je réapparaîtrai ! ». Par chance Démonia vivait dans une belle propriété, possédant un grand parc fort bien aménagé de plantes et de fourrés, où elle dormirait à l’aise en attendant la criée. Enjambant sa fenêtre, elle n’eut aucun mal à poser silencieusement son petit pied gras sur l’herbe fraîchement coupée.

La nuit était tiède, parfaite pour s’y lover, Démonia marcha à pas de fée, son cochon-doudou en strangulation sous son bras potelé. Elle trouva vite sa cachette derrière les rangs de fraisiers, qu’elle passa une partie de la nuit à dépouiller de leurs fruits. C’est donc bien pleine, et le visage poisseux, qu’elle s’éveilla, ne tardant pas entendre les cris tant attendus … « Ah ah ! J’étais sûre que cela se passerait comme ça ! » jubila Démonia, qui ne s’étonna pourtant pas d’entendre des « Hourras !!! ».

Vite, vite, sur ses jambes engraissées, elle s’empressa de rejoindre la fenêtre de sa chambrée, pour y écouter les lamentations enlarmoyées. « Hourra ! Criaient pourtant les parents, hourra au saint qui a enlevé Démonia, nous le fêterons 30 fois par mois !!! ». Ces mots à peine prononcés, jouets, draps, meubles et tout le fatras passèrent au-dessus de la tête de la pauvre Démonia, qui n’eut d’autre choix que de retourner au fraisier, en espérant tout bas que l’hiver prochain ne serait pas trop froid.

Moralité : Dors, espèce de sale petite crapoussine, si tu ne veux pas que tard cette nuit je t’assassine …

dimanche 1 août 2010

Lux Fero



Chaque coeur est une église, creux et plein à la fois, débordant de prières qui s'impulsent dans notre chair, dans notre souffle, dans nos pensées. Dans chaque coeur résonne comme sur les dalles les pas de nos souvenirs et ceux de nos désirs, il palpite jusqu'à la folie à la recherche de sa lumière. Chaque coeur a son alcôve dédiée, habitée par un esprit saint ou un démon qui l'eut ravagée, et que l'on n'osera plus confier. Chaque coeur est modelé de cire, il s'allume et s'éteint, mais inexorablement fond ... Chaque coeur a son autel qui éblouit et célèbre l'amour, et sa crypte qui dissimule ses morts et ses passages camouflés vers les plus sombres réduits.

Chaque coeur est une église, qui prêche son propre dieu.