mardi 26 octobre 2010

Me Oh ! My

Combien de temps
Coule entre nous
Combien de temps ...
Tout ce à quoi je tiens
Se perd dans un monde en-dessous.
Dis-moi que je le retrouverai
Dis-moi que je divague
Je ne vais pas très bien ...
Je ne peux pas me tromper
Tout ce en quoi je croyais
Se perd dans un monde en-dessous.
Peux tu entendre mon coeur amer
Battre par là-bas ?
Combien de temps, dis-moi
En deux se brisera.
Mais peut-être
Que la même chose t'est arrivée ?
Mon monde va dans le mauvais sens
Mais peut-être est-ce moi,
Moi ou ...


Inspiré par "me oh my", Bryan Ferry


mardi 19 octobre 2010

Dave comme Dave (101ème ...)

                                                                                                        Photo by moi, un soir sur mars ...

Octobre 2005 : Où est-ce que je suis partie ? Quand est-ce que je vais revenir ? Tout recommence … la même musique, la même obsession, les mêmes questions, la même addiction. Bientôt je serai seule de nouveau, au bord du quai, obsédée par les serpents parallèles, envenimée jusqu’au cou d’illusions à la rose et à la poussière. Bientôt je retournerai à ma tour abolie, et je ferai comme si elle était toujours là, je l’attendrai lui, je l’entendrai, ses pas dans le gravier, son ombre sur la pierre ... ce sera ma pain quotidienne. En attendant, j’attends d’attendre à nouveau … en attendant … en entendant …

... en attendant, j'attends. Mais il est revenu. Alors, qu'attendé-je ... ?

Je suis assise sur le toit du mausolée. Le soleil d'hiver décline, cette fabuleuse lumière ... je suis seule, je suis libre, et je m'attends. J'écoute cette musique-là pour la 3000ème fois. Et chaque fois, chaque note retrouve sa place dans le décor de mon âme.

Je suis assise dans la voiture. La nuit roule au-dessus de nos têtes, et je ne pense à rien d'autre qu'à cette paix tant voulue, jamais venue.

Je suis assise par terre, il est 16h30, et je mesure 1m et quelques de moins que maintenant. Tu danses mon grand papa, tu danses, tu danses comme lui dans la TV, tu tournes, tu mords ta lèvre inférieure en donnant des petits coups de tête saccadés, tes yeux se révulsent un peu. Moi j'attendrai que tu la mettes cette musique, mais que tu ne me regardes pas, pour danser toute seule en bas, dans le couloir, devant le miroir, onanisme féminin. Je ne veux pas que tu saches que je me libère, que j'exulte sur la même musique que toi, j'ai un goût d'interdit ... avec inceste de citron.

Je suis assise dans le train. Toujours ce même train, toujours ce même paysage, comme dans la chanson qui me berçait petite : "un petit train, s'en va dans la campagne ...". Il est bon le matin, il a un goût de viol, et le soleil n'est pas encore levé. Je partage avec toi mes écouteurs et nous découvrons ensemble une sexualité auditive, celle d'une pénétration sans cesse inachevée, comme la symphonie : c'est une putain de bonne musique !

Je suis assise sur le sol le plus dégueulasse de la terre. Je ne sais plus si je mange ou si je fume. Je suis en transe parce que vous êtes là, parce qu'ensemble on attend que la même chose nous tombe dessus, et c'est l'émotion imminente d'une guerre à l'envers. Ca ne se passera qu'une fois, comme toutes les premières fois, et il faut que ça soit bon, qu'on en dégouline d'ivresse et qu'on ne comprenne rien à ce qui nous arrive.

Je suis allongée dans ton lit, j'ai oublié si la nuit s'était achevée ou si elle avait commencée ... il y a un rêve éveillé qui passe, comme ton retour sans cesse répété dans ma tête jusqu'à la grande première de la réalité.

Et Dave, muse irréelle de tous les rêves mouillés, qui revient par cycle visiter nos veines ... bande-son et chorégraphie de milliers de vies pas comme la mienne mais qui ont toutes un point commun :

Dave comme Dave.


dimanche 17 octobre 2010

Pluton


"... Vous dire mes pensées, ce serait folie. Je me sentis défaillir, et je chancelai contre le mur opposé. Pendant un moment, les officiers placés sur les marches restèrent immobiles, stupéfiés par la terreur. Un instant après, une douzaine de bras robustes s'acharnaient sur le mur. Il tomba d'une pièce. Le corps, déjà grandement délabré et souillé de sang grumelé, se tenait droit devant les yeux des spectateurs. Sur sa tête, avec la gueule rouge dilatée et l'oeil unique flamboyant, était perchée la hideuse bête dont l'astuce m'avait induit à l'assassinat, et dont la voix révélatrice m'avait livré au bourreau. J'avais muré le montre dans la tombe !"

E.-A Poe, Le chat noir in "Nouvelles histoires extraordinaires".

Photo by Le Crepuscule des dieux.
Filtrage by FD.

vendredi 15 octobre 2010

"Un brin d'humour ne fait jamais de mal ..."

Et parce que c'est aussi une forme d'art, surtout s'il fonctionne !

Si j'étais honnête ...

21h, ma mère me demande au téléphone : "tu as mangé ? Qu'est-ce que tu as mangé ?"


- Je réponds : "oui maman j'ai mangé un peu de ta ratatouille (excellente par ailleurs !) que j'avais soigneusement congelée avec 1/2 kg de riz complet, une compote et quelques gâteaux secs. Là je me fais une tisane".

- Je devrais répondre : "non. Enfin si, un paquet de Granola en rentrant à 18h passque j'avais faim. Pis là vers 23h je me ferai 3/4 babybels trempés dans de la sauce Casino avec un viennois et des céréales. Là je me sers un verre du picrate au rabais que j'ai trouvé à Casino."


Mon chef me demande : "vous serez présente *bien sûr* à ma conférence de samedi sur les nouvelles techniques de microabrasion des carcinoses péritéonales du colon métahépatique ?"

- Je réponds : "bien sûr Monsieur, je l'avez noté dans mon agenda, et j'ai déjà plein de questions ! Sluuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuurp"

- Je devrais répondre : "gnnnhein ? C'est pas *ce* samedi quand même ton ... putain c'est quoi déjà ????"


Ma collègue me demande : "t'en penses quoi, du Dr Pruit ? (nom totalement inventé, cela va de soi)"

- Je réponds : "écoute, je pense que c'est un bon médecin, mais il manque un peu de formation au niveau cancer à proprement parler tu vois, enfin un peu ... je pense ... je pense ?"

- Je devrais répondre : "écoute, entre un marathon Derrick et l'opération de la dernière chance avec lui, je choisis le marathon Derrick. Avec du sable, des cailloux, et du verre pilé."


N'importe qui me demande : "ça va ?"

- Je réponds : "ouaismerciettoi ?"

- Je devrais répondre :

a - "tu me demandes ça tous les matins mais je sais même pas comment tu t'appelles ni à quoi tu sers. Sinon oui, merci."

b - "j'ai des pertes de sang au niveau vaginal depuis 2/3 jours alors que je suis en plein milieu de mon cycle, c'est space mais bon, ça va sinon."

c - "il est 9h, un lundi matin, au travail. Est-ce que tu me croierais vraiment si je te disais "oui", à supposer que t'en ais quelque chose à battre ?"


Un vague coppègue (quelque part entre le copain et le collègue) me demande, un samedi soir : "ça te dit de venir boire un verre dans le vieux avec quelques potes ?"

- Je réponds : "attends parce que là je suis chez des potes à moi, mais si ça se finit pas trop tard ouais, je passe sans problèmes !"

- Je devrais répondre : "attends parce que là je suis en pyjama devant une rediff' du Caméléon entrain de m'empiffrer de babybel, j'ai une motivation pour sortir proche de l'état de l'univers avant le Big bang, mais je réfléchis à une excuse bidon et je te l'envoie par SMS sans problèmes !".

Un patient atteint d'un cancer du pancréas métastasé à peu près de partout me demande : "vous croyez que j'ai une chance de m'en sortir ?"

- Je réponds : "attendez, mon portable vibre. Je reviens (un jour)."

- Je devrais répondre : "à peu près autant que moi que de me taper Dave Gahan avant sa date de péremption. Mais faites comme moi : continuez d'y croire, et si votre coeur est pur, peut-être que ça se réalisera !"


N'importe qui me demande : "vous êtes mariée ou fiancée ?"

- Je réponds : "non, pas encore" (avec le sourire).

- Je devrais répondre : "hé, tu veux me voir pleurer de la morve ?" (sans le sourire).

Une autre n'importe qui, ou le même : "t'es un peu gothique toi, non ?"

- Je réponds : "ah ah. Oui ho tu sais ça veut pas dire grand chose hein ! Mais bon non pas vraiment enfin bonvoilaquoi".

- Je devrais répondre : "je t'emmerde."

Une collègue, l'air malicieux : "oooouh, toi, t'es sortie faire la bringue hier soir !"

- Je réponds (l'air malicieux) : "hi hi ouiho ..."

- Je devrais répondre : "'tain attends j'ai découvert que j'avais VH1 et AB1 jusqu'au 2 décembre !!! "

N'importe quelle personne issue de n'importe quelle administration réclamant n'importe quel papier assorti d'une certaine somme de pognon : "Bonjour mademoiselle FRANCESCA DE-LLA-MO-REUTE - c'est bien ça ? - je ne vous réveille pas ? Bon ... c'est la SGUEG, au sujet de la circulaire 39-B que votre reponsable affilié à votre précédent employeur nous a transmise, signalant que conformément à ce qui a été décidé à la SPAM quand vous avez signé votre avoir pour être indémnisée sur les frais engendrés par bdjdhfezghfzofpsmuuuuuuuurfl ... pourriez-vous nous faire parvenir un certificat de contraction de votre permis de vivre pour l'année 96/97, assorti d'un chèque d'un montant de 250€ à l'ordre de Monsieur Transgueurionek, comme ça se prononce ?"

- Je réponds (avec une voix de crapaud défoncé au crystal) : "vous ne me réveillez pas, je suis debout depuis ... tout à l'heure. Je vous fais parvenir ce que vous m'avez demandé sous les plus brefs délais, mais pourriez-vous s'il vous plait m'épelez le nom du destinataire de mon courrier ainsi que les motifs de votre appel ?"

- Je devrais répondre (avec la même voix, parfaitement assumée ...) : "putain ... Sébastien, c'est toi ? C'est pour un barbeuc' c'est ça ? Attends ... j'ai rien compris ... deux secondes j'allume ... donc de ... hein ? Je dois 25€ où ? Hein ?"


Comme dirait Pénélope : ma vie est tout à fait palpitante ...

mercredi 13 octobre 2010

Fine Regina

Catherine de Médicis déposa sur le front de son fils un regard lourd d'amour et de peurs, lourd comme un baiser que l'on tente d'imprimer sur la peau d'un être dont on sait qu'il va nous manquer. Comme ils semblaient lointains et vains alors les affronts et les contritions d'autrefois, quand se mêlaient dans le ciel de France les rires de la Cour et les cris des suppliciés. La splendeur éteinte d'une Diane de Poitiers n'avait plus désormais que l'éclat terni d'une pierre de roche oubliée, tantôt prise pour un saphir parmi les joyaux de la Couronne. Il fallait désormais les punir, les vrais traitres, les vrais ennemis, ceux qui pour soi-disant le protéger avaient voulu lui retirer son petit Charles, cette petite esquisse de ce que fut un roi, jeté dans un regard d'enfant ...
L'on prendrait pour prétexte que leur foi était mauvaise, leur regard trop torve, leurs croyances trop creuses.
L'Histoire est faite de toutes les histoires qui aujourd'hui encore font palpiter les coeurs, suinter les foies, brûler les cerveaux.

Paris 1572 - Berlin 1936 - Gaza 2010 ...

http://www.youtube.com/watch?v=oNURUGCOQ5I
(merci à Leakim ;-) )

jeudi 7 octobre 2010

01:13

J'habite un manoir. Médiéval d'est en ouest (alors, c'est un château), gothique du nord au sud. Dehors, c'est un parc. Bordé par une forêt. Au coeur de la forêt : un beau cimetière ancien, bien moussu, gorgé de dates et de noms ésotériques, où se mêlent le lichen, la cire fondue, et les pages d'un livre arrachées. Il y a même un plaid épais, pour pouvoir pique-niquer ou s'assoupir mollement dans les bras d'un amant ... dans la forêt, il y a des fées. Des baies. Des cabanes dans les arbres pour que les enfants puissent jouer, et dans les cabanes, il y a de tout : des livres, des lanternes, des couvertures, des lucioles. Et dans le parc, il y a une fontaine, une fontaine tellement immense qu'on dirait un lac, et un lac tellement plat, tellement calme, qu'on dirait un miroir. Le miroir de la lune. Il y a des saules qui viennent s'y épancher, et l'on y pêche tout ce que l'on a envie de trouver. Des juments alezanes s'arrêtent pour y boire, et même qu'il y aurait des balançoires ... et des tables, et des chaises, petites, grandes, tordues, vieilles, biscornues, mais douillettes. Et des pommiers. Et des cerises. Et des gens bien habillés pour les manger. Et moi je regarderai tout cela de là-haut, à travers le vitrail de mon église privée, nimbée de mes vapeurs d'encens pontificaux. Je serais tantôt grande dame habillée comme à la cour d'Edward, tantôt elfe gracieuse, tantôt petite mioche perdue dans un jeans d'homme et une chemise à carreaux, prête à en découdre avec le premier venu. Je serais écri-vaine, je serais oisive, je serais botaniste, je serais bonne fée pour les petits, sorcière pour les grands, perdus dans mon labyrinthe aux violencelles.
J'aurais un miroir de poche et une montre à gousset.
01:23.