lundi 27 juin 2011

Esquine.


Je vis dans un jardin tissé au point de croix
J'habite un souterrain, un creux de terre à peine
Assez grand pour y tenir, ma foi, ma loi et toi
A l'abri de l'été et tout ce que ça amène
De colère de brûlures et de feu à la fois.
J'attends là patiemment la délivrance de l'eau
J'enduis mon corps d'une huile qui parfume
Le repos, tu dis qu'elle est ma peau et que ma peau
Est tienne, je crois que je maquille, un peu,
Ce que je n'assume encore ...
Garder en moi les carreaux d'argent
Planter les croix et attendre le printemps
Que je m'enfle comme bougette et éclate enfin
Comme un ballon plein d'air, de sang et de trop plein.

jeudi 16 juin 2011

Lettre ouverte à un petit caillou

Alors tu vois, j’ai à peine songé à t’écrire que déjà, je pleure.
Mais tu sais, je pleure souvent, je pleure tout le temps !

Je pleure quand j’ai peur, je pleure en silence, je pleure comme toi parfois tu pleureras, mais je pleure, je pleure …

Ca fait du bien tu sais. Il ne faudra pas t’étonner si un jour tu me vois comme ça, il ne faudra pas que tu penses que c’est à cause de toi, parce que ça ne le sera pas.

C’est à cause de moi.

Comme des fois tu te perdras dans notre maison ou dans un magasin de jouets, moi je me perds dans ma vie et dans ma tête. Tu verras, tu comprendras bien vite comment ça fait.

Tu vois là je pleure parce que je pense à toi, et parce que je ne sais pas quand je te verrai.

Je ne sais même pas si un jour je pourrai te mettre ces mots entre tes mains à toi, sous tes yeux à toi, pour qu’ils s’imprègnent dans ton cerveau à toi qui sera fait de moi et de papa et de tout ce que tu auras vu d’horrible et de merveilleux dans ta toute petite vie éternelle.

Je ne sais pas si je te porterai, si j’irai te chercher, ou même qui sait si une autre que moi te portera, parce que je ne sais pas si je peux garder des petits cailloux dans mon ventre.

Je ne sais pas si tu viendras bien comme il faut, avec tout ce qu’il faut pour affronter ce monde que tu détesteras souvent à raison, mille fois à raison.

Je ne sais pas si tu ressembleras à moi ou à ton papa.

Je ne sais pas qui sera ton papa.

Je ne sais pas s’il sera d’ici ou d’ailleurs, s’il sera grand ou petit, s’il sera fort, s’il sera garçon ou fille tiens, pourquoi pas. Des papas filles, ça existe aussi tu sais ça. Qui sait si toi-même tu n’en seras pas !

Moi je serai contente.

Tu auras une maman psychologue tu sais ça. Une maman qui explique aux autres mamans comment être maman, même si elle n’est pas maman. C’est pas un vrai métier de grand ça ? Un truc bien compliqué et qui ne sert à rien ? Pas comme pompier ou infirmière ou docteur …

Et papa ?

Papa je ne sais pas.

Cuisiner, chauffeur-routier, tricoteur de livres ou fabriquant de bijoux en carton …

Et s’il n’y en avait pas, tu m’en voudrais ?

Bien sûr que tu m’en voudrais.

Mon papa à moi il était bien là tu sais, et pourtant je lui en veux encore maintenant que je suis grande parce qu’il ne l’était pas assez.

Tu auras quand même une mamie et un papi extraordinaires !

Ils font des voyages, adorent aller à la mer, regarder des dessins-animés, manger des choses très sucrées … je sais que mamie t’attend un peu en secret, elle ne me le dit plus, mais je le sais. Et papi, papi il serait content si tu étais un petit caillou garçon, mais un petit caillou fille aussi. Il t’emmènerait pêcher de toute façon. Et plus tard, il t’apprendrait à conduire, parce que moi je ne sais pas !

Enfin, si papa il y a, papa saura lui.

Et moi qu’est-ce que je pourrais t’apprendre ?

Je ne sais pas.

Je ne sais pas faire grand-chose.

Je sais pleurer, ça on sait déjà, je sais … écrire des histoires ! Je pourrais t’en écrire, avec tes taties on en écrit plein, je te ferai lire. Je sais … ben je crois que c’est tout en fait.

Bon … mais je trouverai un moyen pour qu’on puisse faire des choses, des choses qui ne soient pas les devoirs, pas gronder, pas acheter à manger ou des vêtements, pas remplir des papiers et aller voir la maîtresse ou le prof de français, même s’il faudra faire tout ça aussi, je sais.

Je ne sais plus ce que je voulais t’écrire !

Que même si tu n’existes pas, tu me manques.

Que parfois je te rêve, parfois je te sens, parfois je ne veux plus toi et souvent je me mens.

Petit caillou, il faudra bien rouler …