mardi 28 septembre 2010

D'où je viens

Aujourd'hui, j'ai 12 ans et demi.
Je suis en 5ème au collège André Maurois.
Je suis grande, tout le monde me le dit. J'ai les cheveux très longs qui me tombent dans les yeux, et j'ai un appareil dentaire depuis quelques semaines, Laurie m'appelle "bec de fer".
J'ai pas de poitrine. Je n'ai pas "mes" règles. Je ne sais pas où se trouve ce Fun Café où ils semblent tous se retrouver après les cours, mais j'ai moi aussi ma paire de Palladium. Seulement, c'est pas la bonne couleur ...
Je ne suis pas une très bonne élève. Sauf en français ... le prof, c'est M.Cairo. Avec lui, je découvre les chevaliers de la table ronde, François Truffaut, et j'écris, j'écris, j'écris ... et puis il est beau, M.Cairo. Il sent toujours le café et vaguement la cigarette, il est grand, il a une voix grave et posée, et c'est le seul qui s'ennerve quand Michel et ses copains font n'importe quoi. Les autres, tous les autres, font semblant de ne pas entendre, de ne pas voir. Je passe parfois des récrés entières à le regarder rire dans la salle des profs, et je lui demande mentalement de me regarder, de me surveiller. De me voir.
Le lundi, à la fin des deux heures de cours, il faut aller en sport. La prof, c'est la cousine de maman, et elle est bien décidée à me le faire payer. Elle m'appelle "Dubreuil" au lieu de mon nom, elle se moque de mon survêtement saumon, de ma maigreur, de ma mollesse. J'ose demander à M.Cairo de me garder en cours avec son autre classe pendant le sport, il rigole, mais il ne se moque pas. Il me dit de toutes ses dents : "allez, vas-y".
Mais où ?
Heureusement, au collège, parfois on finit plus tôt. Et parfois j'arrive à sortir suffisamment vite pour qu'ils ne me rattrapent pas. Juste derrière le collège, c'est chez mamie. J'y vais prendre un goûter en attendant que maman ou papa viennent me chercher, et parfois même, j'y mange à midi. J'ai vachement de chance, parce que du coup je ne mange jamais à la cantine !
Le midi, c'est papi qui fait toujours à manger. Lui et moi on mange la même chose, que mamie n'aime pas, elle dit que c'est "de la nourriture d'Arabe" : de la semoule avec des raisins secs dedans. Et des légumes à côté, drôlement meilleurs que ceux de maman, mais je ne lui dis pas. J'ai droit à un tout petit verre de vin en cachette, et en dessert du fromage blanc avec du sucre. Après papi lit le journal, il dit "bon, j'y vais !", il m'appelle Sophie ou Sandrine avec un petit sourire en coin, comme s'il se moquait de moi. Je reste un peu avec mamie, on regarde la TV, je lui demande de sortir des photos de papa quand il était petit. Je lui dis que je ne veux pas retourner au collège, que je voudrais être comme elle, tranquille chez moi, à faire ce que je veux de ma journée.
Elle me regarde avec l'air triste, elle m'explique qu'elle est vieille, que sa vie n'a rien de drôle, que papi ne comprend pas.
Moi non plus.
Je regrette le temps où Marianne et moi jouiions sur les tréteaux de l'atelier comme si c'étaient des chevaux. J'ai l'impression qu'on cavalait des heures, sous le regard amusé de papi, qui me donnait du bois et des clous pour jouer.
Je dessinais dessus avec mes feutres, j'avais l'impression de faire de l'art, ou quelque chose comme ça.
Je regarde l'heure défiler sur l'horloge du salon, il est 13h30. 13h32. Je me dis "encore 8 mns". Cet après-midi on a maths et je ne comprends rien, mais je n'ose pas le dire. J'espère juste que le prof ne le remarquera pas. Je cacherai le bulletin de notes, tant pis.
Vivement ce soir, dans le lit, quand je pourrai lire tranquille et dormir, dormir, dormir pour ne plus y penser ...

Aujourd'hui j'ai 26 ans et demi.
Je suis au 3ème à l'hôpital de l'A.
Je suis une grande fille, tout le monde me le dit.
Ce soir j'ai cuisiné pour une petite fille qui avait très faim et qui était triste. je lui ai préparé de la semoule, mais j'avais oublié les raisins. Je l'ai regardé manger parce que moi, je n'avais pas faim. Mais j'ai bu un petit verre de vin. Elle m'a dit que j'avais de la chance d'être tranquille chez moi, de pouvoir faire ce que je voulais de mes journées. J'ai essayé de lui expliquer que ce n'était pas aussi drôle que ça en avait l'air, mais elle n'a pas eu l'air de comprendre.
Moi non plus.
Je lui ai montré des photos de mon papa quand il était petit, avec son papa à lui, et elle a trouvé ça "trop marrant". Elle m'a demandé pourquoi je pleurais alors que c'était chouette, les souvenirs comme ça.
C'est normal, elle est à un âge où vieillir est un jeu immobile, où le monde est tel qu'il était et tel qu'il sera dans 10 ans encore. Je ne vais pas lui enlever ça, ça ne sert à rien, ça lui appartient.

Elle est repartie dans mes souvenirs, rejoindre mon papi grand et fort, mon papa invincible, et toutes ses galères que je lui laisse bien volontiers. Sauf une : le cours de français ... et les raisins secs, dans la semoule.

vendredi 24 septembre 2010

Well, come ...





I am milk
I am red hot kitchen
And I am cool
Cool as the deep blue ocean

I am lost
So I am cruel
But I'd be love and sweetness
If I had you

I'm waiting
I'm waiting for you
I'm waiting
I'm waiting for you

I am weak
But I am strong
I can use my tears to
Bring you home

I'm waiting
I'm waiting for you
I'm waiting
I'm waiting for you
I'm waiting
I'm waiting for you

I am milk
I am red hot kitchen
I am cool
Cool as the deep blue ocean

I'm waiting
I'm waiting for you
I'm waiting
I'm waiting for you

I'm waiting
I'm waiting for you
I'm aching
I'm aching for you

I'm waiting
I'm waiting
I'm waiting for you.

Garbage - Milk

vendredi 17 septembre 2010

Hysteria.

Ca m'irrite, me tape sur le système
Et ça me rend complètement fou
Ouais, je suis toujours soumis
Et ça me gave par dessus tout

Parce que je le veux maintenant
Je le veux maintenant
Donne-moi ton coeur et ton âme
Et je casse tout
Je casse tout
C'est ma dernière chance d'enfin perdre le contrôle

Ca me tient, ça me manipule
Et ça me force à lutter
Pour être sans cesse glacé au fond
Et me rêver en vie

Parce que je le veux maintenant
Je le veux maintenant
Donne-moi ton coeur et ton âme
Et je casse tout
Je casse tout
C'est ma dernière chance de perdre le contrôle

Et je te veux maintenant
Je te veux maintenant
Je sentirai mon coeur exploser
Et je casse tout,
Je me casse maintenant,

Je sens ma foi s'éroder ...


Hysteria - Muse

lundi 13 septembre 2010

HYSteria



Tu peux avoir ma solitude
Tu peux avoir la haine que je charrie
Tu peux avoir mon absence de foi
Tu peux tout avoir de moi


NIN - Closer

hYsTeRiA



Je veux te baiser comme un animal
Je veux te sentir de l'intérieur
Je veux te baiser comme un animal
Toute mon existence est viciée

Tu me rapproches de Dieu.

hYSTERIA



Aide-moi
Je me détruis de l'intérieur
Aide-moi
Je n'ai aucune âme à vendre
Aide-moi
La seule chose qui marche pour moi
Aide-moi à m'échapper de moi-même

Hysteria



Tu me laisses te violer
Tu me laisses t'abimer
Tu me laisses te pénétrer
Tu me laisses te compliquer

dimanche 12 septembre 2010

Chut.



Toi et moi
Nous étions ensemble
Tous les jours, ensemble, toujours.
J'ai vraiment le sentiment
De perdre mon meilleur ami
Je ne peux pas croire
Que ça puisse être la fin

Il semble que tu sois entrain de laisser tomber
Et si c'est le cas, alors
Je n'ai aucune envie de le savoir.

Ne dis rien
Je sais exactement ce que tu vas dire
Alors arrête de m'expliquer
Ne me dis rien parce que ça me tue.

Ne dis rien
Je sais ce que tu penses
J'ai pas besoin de tes raisons
Ne me dis rien parce que ça me tue.

Nos souvenirs
Eh bien, ils peuvent s'inviter
Mais certains mis ensemble sont
Franchement inquiétants ...
Alors que nous mourons, toi et moi ensemble
Avec ma tête dans les mains
Je m'asseois et je pleure.

Ne dis rien
Je sais exactement ce que tu vas dire
Alors arrête de m'expliquer
Ne me dis rien parce que ça me tue.

Ne dis rien
Je sais ce que tu penses
J'ai pas besoin de tes raisons
Ne me dis rien parce que ça me tue.

Tout se termine
Je vais arrêter de prétendre d'être ce que nous sommes
Toi et moi, je peux voir que c'est entrain de mourir ... n'est-ce pas ?

Ne dis rien
Ne dis rien
Ne dis rien
Oh je sais ce que tu penses
Et je n'ai pas besoin de tes raisons
Je sais que tu es brave,
Je sais que tu es brave,
Je sais que tu es vraiment brave ...

Arrête, arrête, chut.
Chut.

Ne me dis rien parce que ça me tue.


No Doubt - Don't speak

lundi 6 septembre 2010

Aussi me taire ...



Il y a le silence de la peau dorée et fumante à la lueur des flammes, de la peau de femme, lisse et tendue, qui s'extraie de son bain dans une lucarne pensant que personne ne la regarde.

Il y a le silence du voyeur malgré lui, hébété, assourdi, capturé par l'image et par l'inattendu, au regard suspendu à un mouvement.

Il y a le silence du départ, quelques secondes avant de ne plus se voir, l'haleine retenue à l'espoir que quelque chose se passe ...

Il y a le silence feutré du retour, de celui qui ne veut rien réveiller, et surtout pas la colère.

Il y a le silence d'une vie qui avance dans l'ignorance de tous, dont la partition morne et lancinante ne se joue qu'à la pulsation d'un seul coeur. Lointain.

Il y a le silence du regard où tous les mots du monde sont accrochés aux cils, de l'oeil qui roule ou qui se fixe, de la pupille qui plante et de l'iris humide, où la vision absorbe et soulage des mots.

Il y a le silence du bruit des autres, dehors, à côté, au-dessus, et derrière ses propres pensées. Au-delà des excuses et des mots, le vide.

Il y a le silence d'où on vient et celui qui nous attend.

Il y a le silence de la route qui défile, des paysages qui passent, et où l'on ne dit rien, pas même à soi.

Et il y a ce silence ... qui fait plus de bruit que tous les autres réunis.