lundi 23 février 2015

Des jours avec ...

Le visage sale, les yeux dans le vent, je regarde s'éloigner les gens ; les gens qui ont l'air toujours heureux, toujours contents, jamais en-dedans. Où est mon cimetière, où sont mes vers, ma belle assurance et mon jardin hanté qui me protégeaient de tout ? Je feins d'ignorer ce qu'avant j'embrassais, et je ne sais pas pourquoi, pourquoi je suis devenue comme ça. D'abord la tête sans corps, à droite dans le mien, attachée à tout, dentées de quenottes de lait, que j'aurais pu laisser me dévorer. J'aurais pu renoncer. Et le corps … le corps avec sa tête, ses jambes, ses bras, ses racines et ses branches tournées vers le bas. L'homme dans la femme que je fus, peut-être seulement, à ce moment-là. J'aurais pu renoncer à tout ça, la chaleur, le confort, le foyer ouaté d'où j'observe un monde qui ne me regarde plus. Voilà, vieillir c'est ça, tuer et enterrer ce que l'on croyait être, réaliser que nous ne sommes qu'un lâche de plus sur une terre qui les fait comme des pommes un pommier. Les rides sèches aux coins des yeux, les yeux tombants qui contemplent un nombril flasque. Où est le beau, où est le vrai ? Où est cette vie de chair et de sang que je croyais pouvoir dévorer ? Le fracassant déluge de rien s'abat, chaque jour, sur ma tête qui se fane
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